Un même mot avec deux orientations différentes. Sont-elles fondées ? Sont-elles nécessaires ? A mon sens, pas forcément. Bien sûr ce n’est que mon avis.
Pour moi l’épuisement naît ou engendre (c’est un peu comme l’œuf et la poule) des changements physiologiques, émotionnels, intellectuels qui ne disparaissent pas une fois le seuil de la maison ou du travail franchi.
Il me semble difficile d’aller bien au travail quand tout va de travers à la maison et vice-versa.
C’est pourquoi je préfère parler globalement d’épuisement.
A mon sens, l’épuisement est de plus en plus fréquent aujourd’hui à cause de la multiplicité des rôles que nous devons tenir : parent, salarié / entrepreneur, conjoint, logisticien (tenir la maison), infirmier (quand les enfants sont malades), ami, enfant… Nous avons tant de choses à faire et l’impression d’avoir si peu de temps.
Le livre Comment traiter le burnout parental 1 explique que l’on sous-estime l’impact de l’évolution de la société, et notamment le fait que les rôles des hommes et des femmes ont changé. Avant chacun était en charge et expert d’un seul domaine (femme : parentalité, homme : travail). Aujourd’hui chacun doit être expert des deux.
Je suis convaincue également que le fait que nous soyons toujours sollicités (écrans, publicités, activités…) n’aide pas notre cerveau à se mettre au repos. Tout s’est accéléré, il faut toujours faire mieux et plus vite, que ce soit dans la vie perso ou dans le travail.
Alors oui il peut y avoir une cause spécifique : des difficultés à gérer nos enfants, une surcharge de travail, une quantité énorme de tâches ménagères et de logistique familiale… qu’il est important d’identifier pour pouvoir agir dessus. Pour autant, l’épuisement va au-delà, cela a un impact sur notre fonctionnement global.
D’autant plus que des facteurs extérieurs peuvent avoir un impact positif ou négatif (changement de travail du conjoint qui rentre moins stressé, maladie d’un proche…).
Dans mon cas, j’avais à mon actif un travail surchargé avec beaucoup de route, des traitements hormonaux depuis plusieurs mois (années ?) pour des tentatives de PMA, 2 fausses couches après avoir attendu un deuxième enfant pendant plus de 4 ans, la volonté d’être parfaite dans tous les domaines. Et c’est une énième tentative de PMA qui a échoué qui a tout fait basculer.
Tout ça c’est imbriqué : la fatigue liée au travail a-t-elle favorisée les fausses couches ? La tristesse a-t-elle rendue mon travail plus difficile ?
L’épuisement est un état global. Je ne peux pas écrire un état de fatigue global car ça va bien au-delà de ça.
C’est le sentiment d’être dépassé. J’aime beaucoup ce témoignage : « on a l’impression d’être sous l’eau, toujours sous l’eau, et de ne jamais arriver à reprendre un peu sa respiration »2, c’est tout à fait ça. C’est sentir qu’il y a des choses qui ne vont pas, mais ne pas savoir comment faire pour y remédier. Et au bout d’un moment ne même plus avoir la force, l’énergie de le faire.
L’épuisement se voit parfois de l’extérieur, parfois non.
Voici une partie des symptômes de l’épuisement (évidemment et heureusement on ne les a pas tous) :
- de la fatigue physique et morale ;
- un cerveau surchargé ;
- de l’irritabilité ;
- de la rigidité (on devient de moins en moins flexible, on est plus susceptible) ;
- des douleurs physiques ;
- un perte d’envies, de motivation ;
- de la tristesse ;
- un repli sur soi, le sentiment de se sentir seul, incompris ;
- des relations plus difficile avec son entourage ;
- l’envie qu’on nous laisse tranquille ;
- une perte de confiance en soi et en ses capacités ;
- des difficultés de sommeil ;
- …
Pour moi, une grande partie de l’épuisement vient du décalage entre ce que nous vivons et ce que nous aimerions vivre. Certes c’est aller au bout de nos forces, c’est être fatigué physiquement et moralement. Mais ça a une cause : une cause intrinsèque, fondamentale : que la vie que nous vivions ne correspond pas à nos aspirations.
C’est cette flamme à l’intérieur de nous qui vacille, qui diminue, jusqu’à ne plus avoir du tout la force de briller.
L’épuisement est un état qui se diffuse petit à petit et se généralise dans tout notre être. Il se met en place lentement, sans que nous ne nous en rendions compte, jusqu’à nous engloutir en cas d’épuisement total. Beaucoup de personnes témoignent qu’elles n’ont pas vu les choses venir, c’est insidieux. D’où la nécessité d’être vigilant, d’être à l’écoute de soi.
L’épuisement ça n’arrive pas qu’aux autres. S’il n’y avait qu’une chose que j’ai envie que vous reteniez de l’article, c’est ça, alors je le répète : l’épuisement ça n’arrive pas qu’aux autres.
On connaît tous quelqu’un ou on a tous entendu parler de quelqu’un qui a vécu un épuisement. C’est important de commencer à s’en préoccuper dès le début, dès qu’on se sent un peu moins bien, de ne pas laisser les choses s’installer.
Ce que j’ai envie de lancer, c’est un cri d’alerte : faites attention à vous !
L’épuisement c’est le stade ultime. Et heureusement tout le monde ne va pas en arriver là.
Vous avez le pouvoir (et la responsabilité) de prendre soin de vous, d’ajuster votre vie, de conserver ce qui vous va, de diminuer ce qui n’est pas ok pour vous. Vous avez le droit de faire ce qui est bon pour vous, si si 😉. Et vous verrez que ça aura des répercussions positives sur tout votre entourage. Alors commencez tout de suite.
Si vous pensez que cet article pourrait être utile à d’autres personnes, pensez à le partager.
1 Comment traiter le burn-out parental ? de Maria Elena Brianda, Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak
2 la vidéo en haut de page : témoignage très intéressant d’une personne qui a vécu un burn-out.
Commentaires récents